Prison de Wicklow en Irlande Ancestrale, Prison Hantée

Une sombre histoire des prisons hantées irlandaises

Insolite Visite culturelle

Il y a des châteaux hantés, mais il y a aussi des prisons hantées…allez, laissez vous aller, ça va bien se passer…

Imaginez des cellules sans lumière et un courant d’air glacial omniprésent, avec des cafards et des rongeurs pour seuls compagnons. Quand ça n’est pas la compagnie de fantômes

La Grande Famine et la misère, l’injustice sociale et la guerre d’Indépendance menée contre l’occupant anglais, ont contribué à faire prospérer en Irlande quelques prisons célèbres dont voici un court florilège.

Celles mentionnées ne sont plus en activité et sont devenues pour la plupart des musées et des lieux d’attraction pour les touristes. Certaines seraient néanmoins habitées encore par quelques revenants, alors que d’autres non. Les conditions de détention appliquées dans ces lieux il y a deux ou trois siècles y étaient extrêmes.

Wicklow Gaol, notre préférée si on peut dire…

C’est notre préférée, avec une partie dédiée au paranormal et des histoires à vous faire frissonés. Ce monument, dont les origines remontent à la fin du 18ème siècle, est extrêmement bien conservé dans son ensemble. Il propose des visites par petits groupes et en famille pour ceux qui le veulent. Pour les solitaires, n’hésitez pas à demander un audio-guide en français à l’accueil – compris dans le prix de l’entrée – au cas où vous n’avez pas confiance dans votre anglais.

 

Prison hantée de Wicklow, Irlande Ancestrale

 

 

Le conseil d’Alainn Tours

Nous avons bien aimé le côté interactif des cellules, mais voici notre petit conseil : attendez qu’il n’y ait plus personne avant d’y entrer, car le discours des prisonniers utilise la détection de mouvement.

Les graffitis des personnes emprisonnées ont été préservés, et il faut prêter attention aux murs et aux bancs pour ne pas passer à côté. Certains constituent de véritables œuvres d’art au travers desquels ils exprimaient leurs rêves oubliés, leurs angoisses ou leur haine de l’oppresseur anglais notamment.

Il semblerait aussi que, non-contents d’être embastillés, frappés, affamés, les détenus ont dû se frotter à des fantômes plus ou moins compatissants. Des rapports de geôliers évoquent des frôlements, des murmures, des cheveux et vêtements tiraillés par des mains invisibles, y compris celles d’enfants.

L’un des fantômes les plus connus de l’endroit serait celui de Mary Morris, décédée en 1885. Cette dernière était une matrone en charge des quartiers des femmes accompagnées de leurs progénitures. D’aucuns affirment l’avoir aperçue assise sur un lit dans une cellule, prostrée comme une âme en peine. Qui sait, vous la croiserez peut-être pour lui faire un brin de conversation…

Kilmainham Gaol, surnommée la « Bastille » irlandaise

L’une des top attractions de Dublin en raison de son histoire et de son rôle dans l’indépendance de l’Irlande, et cerise sur le gâteau… Elle serait hantée elle aussi.

La prison d’origine était sordide : des cellules exiguës, non chauffées et surpeuplées. Les conditions étaient atroces : pas de lumière du jour et une bougie distribuée tous les 15 jours, un bol de soupe et une miche de pain dur par jour. Des conditions idéales pour contracter le scorbut et la pneumonie.

Surnommée la « Bastille » irlandaise, elle accueillit des personnages historiques qui, malheureusement pour eux, ne se trouvèrent pas du bon côté des barreaux. Un nombre impressionnant de ces « célébrités » furent des prisonniers politiques, exécutés en 1916 à la suite de l’insurrection de Pâques. James Connolly fut l’un d’entre eux, attaché à une chaise au moment de son exécution, du fait de ses trop nombreuses blessures.

 

Prison de Kilmainham à Dublin, Prison hantée, Irlande

 

Un frisson parcourt l’échine tout au long de la visite qui dure environ 1 heure, et dans la chapelle, le récit du guide a de quoi glacer le sang : il est question du mariage de Joseph Plunkett – membre des frères républicains – qui se maria avec Grace Grifford, quelques instants avant sa mise à mort.

D’autres récits font allusion à des événements étranges vécus à la prison de Kilmainham. La tête vous en tourne devant tant d’horreurs et il faut faire attention où l’on met les pieds. Les surfaces sont parfois instables, ponctuées de pavés, de pentes et d’escaliers.

Fenêtre dans la prison de Spike Island, Cork, Irlande, Wild Atlantic Way

Ce n’est qu’à la fin du 19ème siècle que fut construite une aile Est à ce lieu de souffrance et de désespoir.

De style purement victorien, ce bâtiment se composait de 96 nouvelles cellules réparties sur 2 étages, dotées chacune – oh, miracle – d’une fenêtre. Elle fut fermée en 1924 et la population de l’époque aurait aimé la raser entièrement.

Spike Island, véritable Alcatraz irlandais

Spike Island quant à elle, au large de Cork, est certainement la plus impressionnante ; elle a été construite sur une île similaire à celle d’Alcatraz et est accessible uniquement en ferry depuis Cobh. Il faut bien compter un peu plus de 3 heures pour la visite, et le samedi des visites nocturnes sont proposées entre 19h et 21h30.

Aujourd’hui abandonnée – sauf aux touristes -, cette prison surnommée « l’Enfer de l’Irlande » fut également construite au 18ème siècle ; elle a reçu jusqu’à 2300 forçats. Profitons-en, les lourdes portes des geôles sont désormais ouvertes…

L’histoire de Spike Island a débuté officiellement au 7ème siècle avec l’implantation d’une communauté de moines. À croire que les saints et les méchants peuvent avoir de sérieux points de convergence (NDRL)… L’aménagement de l’île s’est poursuivie avec la construction d’une forteresse militaire en forme d’étoile. De longs tunnels mènent d’ailleurs à des batteries d’artillerie censées défendre ce passage stratégique.

Dans la prison elle-même, en dehors des plus anciennes cellules ou certains prisonniers étaient enchaînés à même les murs, d’autres plus contemporaines sont restées ouvertes jusqu’après l’indépendance officielle de la République d’Irlande pour abriter des membres de l’IRA. La fermeture eut lieu officiellement en 1985, mais Spike Island continua à accueillir de jeunes délinquants jusqu’en 2004.

 

Spike Island

 

Une exposition interactive montre les conditions de vie inhumaines de ces prisonniers d’antan, exilés de force parfois aux quatre coins du monde. Des indésirables, des émeutiers, des opposants, des indigents et de véritables brigands tout de même…

Si l’on évoque aucune histoire de fantômes ici, il faut bien avouer que l’atmosphère peut y être vraiment sinistre. Encore plus par jour de pluie et de tempête…

Lifford Court House, sur le ton d’un escape game

Au centre de Lifford, au nord-ouest de l’Irlande, ce palais de justice fut construit en 1746 et complété par une prison en sous-sol. De la salle de justice, à la case prison, il n’y avait qu’un pas… Les criminels et les fous y étaient enfermés avant que ne soit élaboré un bâtiment mitoyen digne de ce nom, qui a fermé en 1904.

Pour les débiteurs, les choses étaient simples : une fois l’argent des amendes perçu, les membres du jury allaient boire un godet à la santé du condamné – le montant étant prélevé sur l’amende infligée, pas bête non ? Bon, n’exagérons rien, il paraît que cela n’est arrivé qu’une fois.

Pour les autres, il suffisait parfois d’un simple larcin pour se voir expédier manu militari dans la cale d’un navire en partance pour l’Australie : un vol de mouchoir, de poules ou d’œufs suffisait ! Quant aux crimes de sang, la potence était la solution la plus expéditive, mais aussi la plus divertissante puisqu’elle attirait des milliers de gens pour un spectacle gratis !

 

Tribunal Prison de Lifford dans le Donegal en Irlande

Escape Game dans la prison tribunal de Lifford, Donegal, Irlande

L’originalité des lieux repose sur l’organisation d’Escape Games dans la prison. Des jeux pratiqués en petits groupes où des gardiens peu amènes vous mettent sous clef pour un crime que vous n’avez pas commis. Il faut vous échapper du cachot en moins d’une heure et travailler ensemble à résoudre des énigmes.

La soirée se termine généralement au Courthouse Bistro, à la sortie autour d’une collation [autrefois la grande salle d’audience].

Crumlin Raod Gaol à Belfast et ses visites paranormales

L’une des plus belles prisons d’Irlande, qui comble de l’ironie, est devenue un must aussi pour les réunions d’entreprises, les concerts populaires et célébrations de mariage. Les 17 hommes qui y ont été exécutés doivent s’en taper les côtes. Imaginez la mariée descendre en robe choucroute et talons aiguilles – l’air effarouché -, de lourds escaliers métalliques au milieu des cellules de Crumlin (vides heureusement). Ahhh, quelle ambiance non ? L’humour anglais n’a pas d’égal, c’est bien connu…

La prison de Crumlin propose des visites quotidiennes durant la journée ou en nocturne, sans compter des visites spéciales fantômes, années victoriennes et paranormales.

Ces dernières, sont très prisées en période d’Halloween – au même titre que la visite des cimetières ou des châteaux hantés – et elles sont la promesse de moments intenses… Réservées uniquement aux adultes, il va s’en dire.

 

Prison hantée de Crumlin Road à Belfast en Irlande du Nord

Sligo Gaol, une prison en devenir

Nous vous révélons une petite pépite à venir. Effectivement, la prison de Sligo Gaol n’est pas encore ouverte au public, mais elle est visible depuis la rue. Elle fait l’objet d’un arrêt systématique durant les Sligo Ghost Tours, au moment d’Halloween.

Il s’agit d’un projet phare pour l’économie touristique de Sligo et de sa région, un long travail de mémoire qui commémore 200 ans d’histoire. En-dehors des infrastructures, des objets et souvenirs qui vont être exposés, des visites scolaires vont y être organisées.

En 1845, un registre faisait apparaître 36 prisonniers mâles, 21 fous, 13 débiteurs et 15 femmes. Certaines condamnées à casser des pierres pour des crimes tels que le vol, la négligence de leurs enfants, l’ivresse et la prostitution. D’autres, pour s’être battues pour leurs droits les plus élémentaires ou être montées sur des barricades contre l’envahisseur anglais.

 

Ce Dark Tourism constitue sans nul doute une partie douloureuse de l’histoire irlandaise, un lourd héritage qu’il convient de ne pas oublier.